Ali Bourraï Guerre Hamas-Israël : Attention à cette image montrant une famille sur des ruines à Gaza 

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Title
Ali Bourraï Guerre Hamas-Israël : Attention à cette image montrant une famille sur des ruines à Gaza 
Description
Cette image est une image générée par une intelligence artificielle. On y voit un homme accompagné de plusieurs enfants sortant des ruines d'un immeuble frappé par les bombardements de la ville de Gaza.
A comme étudiant
Ali Bourraï
A comme question
1 - Justification du caractère trompeur de l'image
2 - Analyse syntaxique
3 - Analyse sémantique
4 - Analyse pragmatique
5 - Pourquoi et en quoi cette image est-elle trompeuse ?
6 - Raisons de ce choix
7 - Conclusion
8 - Bilan
A comme réponse
1 - Il faut alors se demander en quoi cette image est trompeuse ? Cette image est trompeuse car elle fait croire à une réalité qui n’en est pas une. Elle vacille entre la vérité et le mensonge, entre l’information et désinformation, entre la transmission d’information juste et la propagande. Cette dernière s’appuie sur la vraisemblance et va viser à construire une réalité. C’est d’ailleurs ce qu’entendent Berger et Luckman en démontrant la « construction sociale de la réalité ». Ce cliché est manifestement faux et pourtant, certains de ses percepteurs ont cru à sa véracité et donc à sa réalité. Cela passe par la construction sociale de la réalité. Socialement, les individus créent et façonnent une réalité et c’est sur cela que s’appuient ceux qui créent et diffusent cette image trompeuse.

Il est clair que cela se concrétise par un dispositif de détournement de l’image et de son appropriation. Bien évidement que des populations sont frappées par les guerres, aussi bien des hommes, que des femmes et que des enfants. Ces images existent bel et bien. Pourtant, celles-ci peuvent être détournées de leur objet, pour ainsi être appropriés en vue d’appuyer certains discours idéologiques. Tout cela est la conséquence du phénomène médiatique. Les instances de représentation médiatique établies se retrouvent lésées par ce phénomène qui vise à transmettre l’information vulgairement et rapidement. Parfois même au détriment de la vérité. Ce qui en est la démonstration.

Cela conduit à ce que les images soient détournées, tout comme l’image litigieuse (« Les images détournées » : FRESNAULT-RUELLE (1989)). Cette image est trompeuse car elle est détournée de son objet. Elle donne de fausses informations qui conduisent à se méprendre. On pourrait croire que cela est la réalité, que ces enfants et cette homme existent réellement et qu’ils subissent une tragédie. Cela conduit à user de ses émotions et peut découler à des sentiments de colère et d’injustice. C’est en cela que l’image est trompeuse : elle est trompeuse en elle-même, mais vient aussi tromper ceux qui la perçoivent.

Ceux qui ont généré cette image avaient connaissance de la situation à Gaza. Ils ont cherché à tromper les percepteurs de celle-ci. Ils ont pris une actualité récente et l’ont façonné. Ils ont construit une « réalité » néanmoins « détournée ».
2 - Sur le plan syntaxique, ce qui est présenté ici est de prime abord, une photographie. Rien ne laisse présager qu’il s’agit d’une image générée par une intelligence artificielle. Les détails sont fidèles à la réalité, les individus sont parfaitement représentés : autrement dit, aucun défaut du point de vue visuel n’est à noter. L’image met avant de nombreux plans, dont au premier plan se dégage un homme accompagnés de 5 enfants (1 à bout de bras, 3 sur le dos et 1 tenu par la main). Ces individus sont les éléments centraux de cette image et semblent être en mauvaise santé. Les enfants sont vêtus de vêtements très légers. Ils n’ont pas de chaussures, comme-ci ils n’avaient pas pu en mettre. Tout comme l’homme qui semble être leur père, ces derniers ont les vêtements en mauvais état. Ils sont couverts de poussière, comme provenant des ruines de l’immeuble présent au second plan.
Leurs visages sont marqués par ce qui semble être du plâtre blanc et fait échos à l’endroit où ils semblent se situer, c’est-à-dire à la sortie des ruines présents au second plan.

En effet, au second plan apparaît un immeuble en ruine, façonné de béton gris et dont les maigres fondations sont toujours présentes. Les couleurs utilisées sont assez ternes et s’avèrent être des couleurs primaires, provenant des éléments de la nature. Le bâtiment a dû subir une explosion et les personnes situées au premier plan en sont, sans doutes, leurs victimes.

Enfin, au troisième plan apparaît d’autres immeubles de couleur blanche. Ces immeubles sont quant à eux intactes (du moins, ils le paraissent). Ils sont alignés, comme une rangé d’immeuble qui paraît infinie. Certes, ces immeubles sont toujours debout, ils paraissent néanmoins inhabités. La ville est marquée par une ambiance pesante, comme-ci la mort y était présente. Cette ville semble avoir été frappée par le chaos. Il faut noter par ailleurs que le ciel est tout de même assez clair, avec des nuages vacillant entre le gris et le blanc : en somme, comme un lueur d’espoir dans un destin funeste.
3 - Comme le rappelle Aristote, la rhétorique est le pouvoir de la persuasion. C’est d’ailleurs ce qu’il entend dans son ouvrage tiré du même nom (« Rhétorique »). Ce besoin de chercher la vérité, continuellement et par tout moyen, a favorisé l’art de la persuasion et toutes ces dérives. Il ne faut pas oublier que la rhétorique est avant tout « ouvrière de la persuasion qui fait croire, et non de celle qui fait savoir, relativement au juste et à l’injuste » (Platon). En effet, cette technique peut conduire à des dérives et cherche à s’accomplir, à travers non pas le fait de savoir, mais à travers le fait de croire (qui sont deux éléments différents).

L’image présentée aujourd’hui est le fruit de cette définition. L’image ne cherche pas à apporter le savoir, mais à faire croire. À faire croire à une réalité qui n’en est pas une. Comme nous l’avons soulevé ultérieurement, l’image semble être générée par une intelligence artificielle. Autrement dit, elle n’est pas réelle. Mais ce qui importe ici est de faire croire une chose au percepteur de l’image.
Ce cliché n’est pas dénué de sens, bien au contraire. Celui-ci cherche à créer de l’empathie, à faire appel à la subjectivité et l’intersubjectivité du percepteur de l’image, qui agit comme un signe et ce, de par notre rapport à autrui et nos questions sociales et éthiques. En observant l’image, il est possible de se sentir à la place des victimes et donc de faire appel à son imagination. Il faut rappeler que l’imaginaire est une « interface entre nous et le monde ». Les éléments présents sur l’image permettent de créer des signes et par conséquent de susciter l’imagination. L’image décrit et montre une réalité et comme le démontre Mark Johnson : « Sans imagination, nous ne pourrions jamais tendre vers une connaissance de la réalité ».

Les guerres ont lieu sur 2 terrains : sur celui du champ de bataille (de manière physique) et sur celui de la bataille idéologique. C’est une guerre d’opinion influencée et rythmée par la propagande. La propagande, c’est cela : chercher à faire croire plutôt que de transmettre le savoir. Elle s’appuie sur la vraisemblance et s’intéresse à la persuasion visuelle par le biais des médias, des journaux ou encore d’internet entre autres. Les signes visuels façonnent notre imaginaire et notre façon de voir et d’interpréter le monde. Ces signes construisent une réalité et une vision du monde par le moyen de la rhétorique.

Ce que l’on voit et ce que l’on interprète divergent. Comme le met avant Barthès, la « dénotation » qui renvoie à ce que l’on voit et la « connotation » qui relève de ce que l’on interprète, sont 2 choses différentes. Dans cette image, on y voit un homme portant des enfants à bout de bras et à bout de force. Ce que l’on peut voir, c’est un homme avec des enfants et pourtant, on va faire appel à notre interprétation et à notre sémiose illimitée. L’image suscite en nous des sentiments et cela nous oblige à renvoyer cette dernière à d’autres images, à d’autres interprétations. L’homme semble en effet porter des enfants physiquement mais surtout émotionnellement. C’est en cela que l’image chercher à créer de l’empathie. On utilise ici un homme comme démonstration du « pater familias », du bon père de famille présent pour les siens. Puis on utilise les enfants pour faire appel à l’émotion. Concrètement, sur le plan sémantique, l’image évoque une scène d’horreur où un homme semble porter à bout de bras le poids de sa famille.

Cette image transmet de nombreuses informations et génère de diverses émotions : de la peine, de la colère ou encore de la compassion. La guerre touche de nombreuses régions du monde dont les enfants en sont victimes. Souvent, l’enfant est associé à quelqu’un de neutre et c’est de cette approche que tire sa force l’image pour faire croire que c’est une réalité. L’image n’est pas réelle, elle a été générée artificiellement et néanmoins, on pourrait croire le contraire. De par sa vraisemblance, celle-ci semble réelle et pourtant, c’est une image trompeuse.
4 - L’actualité récente divise et nombreuses sont les opinions à ce sujet. L’heure est à la dénonciation et à la persuasion. Il est difficile de dissocier le vrai du faux et cette guerre d’influence n’est pas sans incidences. Dans cette conflit d’opinion, un grand nombre de fausses informations circulent sur les réseaux sociaux, dans les médias et parfois même dans les journaux télévisés. Il faut donc s’arguer de vigilance quant aux informations que nous recevons.

L’image présentée en ce jour paraît décrire la situation actuelle de certaines populations frappées par le conflit israélo-palestinien. Ce cliché a été partagé massivement et a suscité de nombreuses réactions. La présence d’enfants accompagnés de leur père qui les portent à bout de force a ému de nombreuses personnes. Leur environnement de vie est dégradé et marqué par les attaques dont l’immeuble en ruine en est le témoin. Qui ne serait pas ému par cette image ? Cette image fait appel aux émotions et à l’empathie, pour démontrer et dénoncer les crimes de guerre. Pourtant, il s’avère que cette image est fausse. Du moins, générée artificiellement.

Mais il faut se demander pour quelles raisons une telle image a été créée ? Désormais, la guerre a pris une nouvelle dimension : bien entendu, celle-ci s’opère de façon physique avec les conflits armés, les militaires etc, mais elle s’opère également de façon médiatique. Certains médias n’hésitent pas à transmettre de fausses informations, de fausses images pour semer le trouble chez leur récepteur. On pourrait dire que ce procédé n’est pas nouveau : la propagande et la désinformation ont déjà eu échos durant les conflits du XXème siècle. Cependant aujourd’hui, ces dernières ont pris une nouvelle dimension. Elles trouvent échos bien au-delà des frontières et peuvent atteindre n’importe qui à travers le monde en quelques minutes. Voilà ce que justifie la production d’une telle image : mener une guerre d’opinion, bien au-delà des frontières.
5 -
6 - « Prudence » : l’image étudiée aujourd’hui est en effet à interpréter avec prudence. Dans ce contexte géopolitique désastreux, nombreuses sont les images trompeuses. Cette guerre israélo-palestienne, comme d’autres guerres, est avant-tout une guerre d’opinion, dont il est de plus en plus difficile de dissocier le vrai du faux. Ce que justifie le choix de cette image que j’ai eu l’occasion d’entrevoir aussi bien sur les réseaux sociaux où elle a été massivement partagée que sur les journaux télévisés, est son caractère vraisemblablement réel mais pourtant trompeur.

Il conviendra donc de justifier le choix de cette image pour ainsi l’étudier, tout d’abord sur un plan syntaxique, mais encore sur un plan sémantique et enfin sur un plan pragmatique.

Le journal « 20 minutes » titre cette image par : « Guerre Hamas-Israël : Attention à cette image montrant une famille sur des ruines à Gaza ». Un titre plus qu’évocateur. En effet, il semblerait que cette image ait été générée par une intelligence artificielle, et il faut s’interroger ce que tente de faire croire ce cliché. Il est clair que cette image cherche à faire appel à l’émotion et à l’empathie et se voit être un outil à la propagande et à la désinformation. Ce sont tous ces détails qui ont attiré mon attention et qui ont suscité ma curiosité.
7 - En conclusion, l'image conduit celui qui la perçoit à se tromper. De prime abord, rien ne laisse pressentir qu'il s'agit d'une image générée artificiellement. Elle semble au contraire assez réaliste. Tous ces éléments en font sa "force" et sont la clé de voûte de son caractère trompeur. L'image en question a été relayée massivement. C'est d'ailleurs ce qui a suscité l'interrogation chez certains. L'usage d'une famille meurtrie et frappée par la guerre a ému de nombreux percepteurs de l'image et a permis d'appuyer certains discours au détriment de la vérité et de la réalité. C'est en cela que l'image est trompeuse : c'est ce qui a motivé mon choix. Une image est parfois plus trompeuse car nous ne disposons pas du recul nécessaire à son interprétation et à son analyse. La tromperie de l'image passe également par la tromperie et la confusion des sentiments.
8 - Il est nécessaire de se préserver contre les fausses informations et de ne pas les relayer. Cela peut avoir des conséquences néfastes et conduisent à alimenter le conflit, déjà houleux.

La guerre est un fléau, tout comme la désinformation. Il faut veiller à ne pas alimenter les discours idéologiques néfastes et qui peuvent susciter de vives émotions (négatives). Cette guerre est désormais politique et idéologique et le nombre d'images trompeuses ne cessera d'accroître. Nombreuses seront les personnes à en être victime.
Date Created
14/12/2023 16:40:47
Identifier
1127 3868 14/12/2023 16:40:4