Tamara Dhorasoo Titre : L’ennemie cachée de l’armée russe : mission ou désertion ?

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Title
Tamara Dhorasoo Titre : L’ennemie cachée de l’armée russe : mission ou désertion ?
Description
Cette image repose sur une illustration de Astrid Amadieu. Elle est l’objet d’une revue tirée du site internet FRANCEINFO. Elle est accompagnée d’une légende telle que « Les militaires qui quittent l’armée russe pour ne pas combattre en Ukraine encourent de lourdes peines de prison ». Je considère cette image comme lourde en sens et en interprétation. La simplification des traits de l’image par l’illustratrice ne permet pas d’effacer son impact fort : elle dégage une période de guerre pesante et actuelle aux couleurs vives.
A comme étudiant
Tamara Dhorasoo
A comme question
1 - Justification du caractère trompeur de l'image
2 - Analyse syntaxique
3 - Analyse sémantique
4 - Analyse pragmatique
5 - Pourquoi et en quoi cette image est-elle trompeuse ?
6 - Raisons de ce choix
7 - Conclusion
8 - Bilan
A comme réponse
1 - Cette image apparait comme trompeuse lorsqu’il est pris en considération sa légende qui lui est attribuée ; « Les militaires qui quittent l’armée russe pour ne pas combattre en Ukraine encourent de lourdes peines de prison ». Selon cette phrase, l’intention de ce personnage principal n’est pas d’espionner mais de déserter l’armée russe. Or, son expression faciale ne suppose aucunement la peur. L’angle qu’occupe son visage et son corps se tourne plutôt vers le sang rouge que vers l’apaisement du bleu.

A mes yeux, pour symboliser la peur, le corps de cet homme aurait dû se tourner vers la gauche et hors du champ du présent dessin tout en présentant un coup d’oeil vers ce qu’il déserte. Les sourcils froncés, sans aucun plis, n’apportent pas au lecteur une impression de crainte mais plutôt de haine affirmée.

Bien que la subtilité de la tromperie soit plus aléatoire et interprétative, il me semble que cette image peut être utilisée dans beaucoup d’autres domaines : une question d’espionnage, une représentation de la guerre froide…
2 - Au plan technique, cette image est un dessin proche d’un genre de bande dessinée historique. Les traits sont relatifs à un style semi-réaliste et simpliste adaptés pour la presse. Le dessin est probablement encré puis numérisé. Le format est une image paysage, horizontale permettant un large champ sur ce qui est dessiné.

Au plan linguistique, aucun texte n’est apparent sur le dessin.

Au plan iconique, deux plans se subdivisent. Au premier plan, un homme vêtu d’un uniforme se distingue et occupe la moitié de l’image. Le dessin est coupé juste au-dessus de ses genoux. Son corps est de face tandis que son visage est tourné de profil. Son uniforme se décompose en une chemise couleur kaki avec col et poche gauche, d’un pantalon droit de la même couleur, ceinturé en noir ainsi que d’une casquette sans visière. Un drapeau blanc bleu rouge est visible sur la manche droite de sa chemise tandis qu’un écusson rouge militaire orne la casquette qu’il porte. Ses cheveux sont châtains foncés et courts. C’est un homme à la peau claire et contrastée d’ombres. Cet homme se positionne contre un mur et se retient à celui-ci de ses mains. A sa hauteur, le mur est de couleur bleu canard. Son regard se porte sur le second plan de l’image ; une troupe de militaires à l’uniforme similaire.

Dix hommes sont alignés en deux rangés de cinq. Ils se tiennent droits et portent de leur main droite la bandoulière d’une arme marquée en noir. Ils sont vêtus du même uniforme que l’homme au premier plan. Cependant, des bottes noires sont perceptibles et la manche droite de leur chemise est retroussée jusqu’au-dessus de leur coude. Au niveau des visages, les expressions et les traits sont absents. Un grand drapeau blanc bleu et rouge s’installe auprès de l’un de ces hommes tout à droite.

Dans la globalité, le décor de ce dessin se démarque par des tons chauds et rougeâtres. Alors que le sol est rouge, le ciel s’aventure dans une teinte orangée. Quelques illustrations d’immeubles en hauteur, colorés de gris et parsemés d’ombres dessinent la ville dans laquelle ils se trouvent.

Au plan plastique, le dessin est latéral par rapport au protagoniste militaire. Deux plans se distinguent par les couleurs comme par le nombre de personnes ; en effet, un homme est seul à gauche devant un fond bleu tandis que la troupe de dix personnes se place devant un fond rouge.

L’image se lit de gauche à droite ; on perçoit d’abord le militaire seul devant un mur bleu puis l’orientation de son corps vers la droite incite le spectateur à jeter un oeil au reste du dessin, laissant apparaître une troupe militaires dans un fond tout autre.

L’homme au plan de gauche est dessiné jusqu’aux genoux ; une distance dite personnelle permettant une forte relation entre le haut du corps et le lieu où il se trouve. Les traits sont assez fins et légèrement courbés ; ils marquent le semi-réalisme. Bien que ce soit un dessin, les ombrages sur le cou du protagoniste ainsi qu’aux pieds des militaires et celles des immeubles marquent ce semi-réalisme qui nous imprègne. De fait, le style de dessin est atomique et permet une mise en forme simple, minimaliste et réaliste. Le plan est également coupé de la même manière que précédemment par les effets de mouvements. La posture de l’homme seul, se maintenant au mur bleu, montre sa volonté de se cacher ou de sortir de sa cachette. Cette position marque l’illusion d’un mouvement et converge le regard sur ses actes futurs. A l’inverse, les 10 hommes sont immobiles ; ils appuient sur l’esprit de dureté, de confiance. Ils apportent de la sévérité à la situation dessinée.

Les couleurs présentes sur l’image sont donc le bleu, le rouge, l’orange, le kaki et le noir, le gris et le blanc. Certaines formes géométriques sont repérables. La troupe représente un rectangle par exemple. Un accent est mis sur quelques points de lumières. Effectivement, le visage du protagoniste est éclairé tandis que son cou reste bien sombre pour marquer son mouvement vers la droite. Le regard de cet homme est appuyé sur la troupe.

Concernant la texture, la qualité de la photographie est bonne. Dès lors que l’on souhaite zoomer sur l’arrière-plan, le résultat reste de très bonne qualité. A l’œil nu, l’image n’est pas retouchée. Par ailleurs, l’image est passée sous « FotoForensics », un site analysant les images retouchées. Le résultat est le suivant : les contours très fins numérisés sont mis en avant mais il ne semble pas qu’une retouche ait été effectuée.

Deux scènes semblent bien distinctes par les couleurs, les traits, les formes. Pourtant, le coeur de l’illustration se noue dans cette relation entre ces 11 personnages.
3 - Les couleurs véhiculent des significations fortes. Des couleurs froides comme chaudes sont mises en avant :
Le kaki est la couleur que l’on perçoit en premier lieu. Elle symbolise la guerre. C’est une couleur commune pour les uniformes militaires.
Le bleu du mur représente la vérité, l’apaisement et la fiabilité.
Le rouge est rappelé par un sol rouge foncé ainsi que sur les drapeaux. Le rouge foncé signifie le sang. Le sol peut s’identifier à un bain de sang qui se propage sur lequel marche la troupe. Le rouge représente également le danger, l’urgence et la révolte. Ces connotations rentrent parfaitement dans le thème de l’illustration et laissent ainsi place à l’imagination.
La couleur orange du ciel se rattache aux attitudes excessives.
Le noir symbolise la mort, le deuil, la tristesse et l’autorité. On la perçoit sur les chaussures et les armes portées par la troupe.

Au premier plan, on perçoit un homme à l’uniforme kaki. Cet uniforme contient sur son bras droit un drapeau tricolore. Un écusson rouge et doré tient place sur sa casquette sans visière. Ce badge signifie que cet homme appartient à une armée russe. L’armée qui se tient à sa droite, au second plan, est une troupe de 10 personnes immobiles, sous deux rangs de 5 personnes. Ils n’ont aucune expression faciale. Les ombres au sol laissent imaginer que d’autres hommes et troupes sont présents devant ladite troupe et hors du champ du dessin.

En prenant en compte le contexte de la photo, tous les protagonistes semblent provenir de la même armée. En effet, les uniformes sont similaires, la casquette au badge rouge est identique. Bien que la chemise de la troupe soit retroussée, le personnage principal à l’expression affirmée ne dénote pas avec le reste des armées. Cependant, il se place devant un fond bleu tandis que la troupe est positionnée sur un ton chaud rouge. Le bleu représentant l’apaisement et la vérité révèle un personnage en dehors du conflit.

Pourtant, son expression sévère, sa posture légèrement inclinée pour se cacher de la troupe, son profil aux sourcils froncés de haine et à la bouche fermée retrouve une certaine situation conflictuelle passive. Effectivement, il essaie discrètement de voir les actes de la troupe, probablement le nombre qu’ils sont, les armes qu’ils détiennent… Il se cache. Sa posture semble se diriger vers le sang. L’intention qui le porte peut s’interpréter dans ce sens ; cet homme souhaite également exercer des activités agressives et violentes. Cette situation évoque un contre-espionnage par lequel cet homme s’est habillé de la même manière que la troupe afin de mieux se dissimuler. Il est également possible de considérer qu’il a intégré cette armée dans le but de l’espionner. En effet, il n’a pas d’arme au contraire de ses camarades, ce qui montre une volonté unique d’espionner.

Un accent est mis sur quelques points de lumières. L’éclairage ne touche que son visage et sa main gauche ; le reste est dissimulé dans l’ombre. Progressivement, il semble sortir de sa cachette afin d’apercevoir plus facilement les faits et actes de la troupe militaire. La lumière marque ce mouvement vers la droite. Le regard de cet homme est appuyé sur la troupe.

L’image bicolore symbolise deux tendances différentes. L’écran est coupé en deux cachant derrière chaque homme une intention fine exprimée par la couleur qui se dégage de chaque côté. A l’instar de l’opposition du blanc et du noir, et comme dans ce que le roman Star Wars évoque, il est possible de considérer la couleur bleue en tant que couleur d’une armée passive tandis que le rouge est favorable aux actes graves. La dichotomie du blanc et du noir prend place entre le bleu et le rouge.

Par ailleurs, l’absence totale de visage évoque une perte d’humanité. Davantage, l’immobilité rappelle un sentiment proche de la robotique. Chaque militaire est identique tel un robot. Ils ont perdu toute humanité face aux actes de guerre qu’ils s’apprêtent à faire. De surcroît en référence avec la Saga Star Wars, cette troupe évoque « l’armée impériale » camouflée de blanc vernis avec un casque dissimulant toute émotion et ne respectant les ordres que d’une seule personne. La troupe semble obéir au supérieur qui les devance (hors champ).

Ici, les couleurs et les uniformes sont un paradigme qui renvoie à la guerre (le rouge et le vert kaki comme évoqués). Ces couleurs sont omniprésentes dans l’image. Il n’est pas possible de dégager autre chose qu’un temps de conflit.
Les immeubles dessinés en gris comme en ombrage n’apportent pas de précision particulière du lieu. Par ailleurs, ils permettent d’apporter de la dimensions et une certaine étendue au dessin. Le bain de sang semble désormais immense. Le lieu n’est pourtant pas absent de symboles ; très rapidement, il est constaté à deux reprises le drapeau de la Russie. Sont ici mis en exergue la révolte et les attitudes excessives au sein d’un pays moderne.

Ce dessin tend à rappeler les actes réalisés pendant la Guerre froide. A cette époque, les Etats-Unis ainsi que la Russie réalisaient ce type d’acte et basaient exclusivement leurs activités de cette manière passive. En effet, le fond bicolore s’interprète comme une vraie fracture entre les deux actions qui se déploient à gauche comme à droite. L’une des activités est celle de l’espionnage tandis que l’autre est celle de l’organisation du conflit. Il y a une opposition sémantique entre la passivité et l’activité.

Dans le tableau illustrant une scène d’espionnage du roman La Princesse de Clèves par Madame de La Fayette en 1978, le Duc de Nemours espionne les faits et actes de ladite Princesse. L’inclinaison du corps ainsi que du visage de cet homme tend vers la gauche, à l’endroit où se trouve la Princesse. Dans le même sens, le tableau Le Vagabond Espion peint à l’huile par Duwez Henri-Joseph évoque la même situation. Le visage comme la posture (jambe en avant) sont dirigés dans la même direction pour espionner une personne hors champ à gauche.
4 - Grâce à l’analyse pragmatique de l’image, il est possible d’apporter une signification socio- culturelle propre à cette photographie. Les uniformes font tout de suite penser à la guerre par la couleur kaki. Le lieu de la Russie est confirmé par les deux drapeaux tricolores blanc, bleu et rouge. La ville ne peut être précisée ici.

De cette manière, l’interprétation ci-dessus évoque les actes réalisés durant la Guerre froide de 1949 à 1989 entre la Russie et les Etats-Unis. De fait, l’opposition à cette époque réalisait de part et d’autre des actes de rébellions et de contre-espionnages.

Ensuite, lorsque l’on parle de guerre, les récentes oppositions en Ukraine dès février 2022 laissent croire que le dessin a été imagé en ce sens. Il est possible d’interpréter des actes d’espionnages de la part de protagonistes Ukrainiens. De surcroît, le fond bleu peut évoquer l’Europe de l’Ouest et renforcer un espionnage de ce côté occidental.
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6 - J'ai apprécié jouer sur les expression faciales et mouvements du corps pour justifier ma position sur cette image. Les interprétations sont effectivement très diverses. Lorsque je suis tombée sur cette image, j'ai été surprise par la légende attribuée au dessin. Je n'étais pas d'accord et j'ai joué sur mon propre avis pour en faire ce devoir. J'espère vous convaincre de ma position.
7 - Bien que la subtilité de la tromperie soit plus aléatoire et interprétative, il me semble que cette image peut être utilisée dans beaucoup d’autres domaines : une question d’espionnage, une représentation de la guerre froide… Cette image peut parfaitement devenir l'allégorie de la désertion comme de l'espionnage.
8 - Le module polytechnique choisi était très intéressant. Si je l'avais pris en première année, j'aurais aimé aller plus loin dans l'étude avec le niveau 2
Date Created
15/12/2023 15:54:48
Identifier
1174 3628 15/12/2023 15:54:4