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Title
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Akina Pied Il n'y avait pas de titre donné par l'artiste
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Description
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L'image que nous avons choisi d'analyser est une image trompeuse, c'est-à-dire une image dont la première impression est erronée. Dans le cas de l'image que nous avons sélectionné, sa composition (que nous développerons par la suite) peut donner l'impression que nous nous tenons face à une peinture encadrée. En réalité, il s'agit d'une photographie prise par photographe tunisien Houssem Korbosli, qui a délibérément choisi de prendre un cliché pour entraîner la confusion. Cette photographie a été publiée récemment sur son Instragram personnel et a également été partagée dans la communauté Reddit « confusing perspective », dont le but est de partager des images trompeuses.
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A comme question
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1 - Justification du caractère trompeur de l'image
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2 - Analyse syntaxique
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3 - Analyse sémantique
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4 - Analyse pragmatique
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5 - Pourquoi et en quoi cette image est-elle trompeuse ?
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6 - Raisons de ce choix
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7 - Conclusion
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8 - Bilan
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A comme réponse
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1 - Dans le cas de l'image que nous avons sélectionné, sa composition (que nous développerons par la suite) peut donner l'impression que nous nous tenons face à une peinture encadrée. En réalité, il s'agit d'une photographie prise par photographe tunisien Houssem Korbosli, qui a délibérément choisi de prendre un cliché pour entraîner la confusion.
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Nous allons analyser cette image en trois parties. Tout d'abord, nous allons analyser l'image de manière syntaxique, c'est-à-dire que nous allons décrire ses éléments plastiques comme ses formes, ses couleurs, son éclairage, par exemple. Ensuite, nous effectuerons une analyse sémantique : cette fois, nous allons associer aux éléments relevés dans l'analyse syntaxique des significations, nous allons interpréter les signes plastiques. Enfin, nous conclurons par une analyse pragmatique : on replacera l'image dans son contexte social et culturel de production et de réception.
Commençons donc par l'analyse syntaxique. En ce qui concerne le plan technique, la photographie correspond au format classique des posts sur Instagram, c'est-à-dire de 1080 x 1350 pixels. Au niveau du plan linguistique, la seule écriture correspond au nom du photographe, avec une typographie particulière: le O présent dans son nom et prénom est regroupé en un seul grand O, les lettres sont toutes en majuscules et le nom est souligné.
Afin d'analyse le plan iconique, nous allons séparer l'image en trois plans, avec le premier plan qui représente ce qui est le plus proche de celui qui prend et/ou regarde la photo et le troisième ce qui est le plus loin. Voici le découpage en trois plans effectué:
Le découpage des plans suit une logique de profondeur : les éléments les plus proches de celui qui regarde la photo sont le premier plan et les éléments les plus loin sont le troisième plan. Le premier plan correspond à la zone coloriée en verte, le deuxième plan est les parties coloriées en rouge et le troisième plan est en bleu.
Au premier plan, on aperçoit ce qui est une forme rectangulaire ouverte en bois, qui peut autant être une fenêtre, qu'un cadre de tableau. Le bois semble assez massif et n'est pas lisse, puisqu'on voit des courbes, des tâches de différentes couleurs. La seule chose que l'on peut percevoir qui ne fait pas partie de cet ensemble de bois et ce qui semble être un mur composé de plusieurs briques de béton, à droite du premier plan. Il est dans la continuité des lignes du cadre de bois et ne se démarque pas vraiment de ce dernier.
Au deuxième plan, on distingue plusieurs éléments naturels : tout d'abord, dans la partie haute du premier plan, on aperçoit des branches d'arbres, avec des feuilles de nuances vertes. On aperçoit cependant quelques branches qui portent des feuilles oranges, dénotant par rapport à l'ensemble vert. Les branches d'arbres portant les feuilles vertes sont d'un bois plutôt sombre tandis que le tronc qui semble porter les feuilles orange a une teinte plus claire, légèrement grisâtre. En ce qui concerne la partie basse du deuxième plan, on peut apercevoir un sol recouvert d'herbe vertes courtes, de branches et quelques feuilles. À certains endroits sur le sol, on peut apercevoir de la terre, notamment proche du caillou recouvert de mousse. Le sol semble être une pente.
Sur le troisième plan, on aperçoit également le sol, mais contrairement à celui du premier plan, on y voit très peu d'herbes : il est majoritairement composé de terres ou de copeaux de bois, on ne peut pas vraiment le déterminer. On peut voir les troncs de plusieurs arbres, dont on ne voit pas forcément le feuillage : ces troncs donnent un effet de profondeur et démontrent que la forêt continue au-delà de la photographie. Ces troncs sont d'une couleur sombre.
Concernant l'angle de prise de vue, celui-ci est est frontal : il n'y a pas de plongée ou contre plongée. On peut noter plusieurs lignes et axes qui structurent la photo. Ces lignes poussent le spectateur de la photo à regarder certains points.
Par exemple, les lignes du cadre (en orange) entraînent le regard vers le centre du tableau. Le centre est justement l'intersection de plusieurs lignes. On a tout d'abord une des lignes de la pente du sol (en rouge) qui donne un aspect dynamique à la photo et qui permet de se rendre compte des autres lignes de montée dans la photographie. Une autre des lignes au centre (en bleu) suit la rangée d'arbres à gauche, donnant une impression de profondeur, et montre que la forêt continue au-delà de la photographie.
Pour ce qui est de la lumière, en termes de dominance, il y a une dominance d'une atmosphère plutôt tamisée : on aperçoit de la lumière, mais elle n'est pas forte. En ce qui concerne la sature, la couleur n'est pas saturée, et elle donne plutôt une impression de pâle. Pour la luminance, on a plutôt une luminance « grise » : il y a de la lumière, mais elle est plutôt sombre.
Quant à la texture de l'image en elle-même (et non les éléments qui la composent), son support de signe est de très bonne qualité : on distingue parfaitement les différents éléments qui composent la photo, les contours sont nets. On peut apercevoir quelques flous, mais ce flou est dû à la proximité du photographe avec le premier plan, qui est majoritairement net. Cette bonne qualité est sans doute liée à la qualité du téléphone qui l'a prise (pixel 8 pro) et au fait que la photo qui a été postée sur l'Instagram du photographe est l'originale : il l'a importé directement de son téléphone. La matière expressive, quant à elle, est composée de pixels, puisqu'il s'agit d'une photo en ligne. En ce qui concerne la manière d'expression, on peut imaginer qu'il s'agit d'un photographe professionnel, puisque e propriétaire du compte s'attribue la qualité de photographe dans les hashtags de sa photo et dans la description de son compte.
À propos des formes de l'image, on peut en décerner quelques-unes. Tout d'abord, il y a le rectangle que représente le cadre en bois. Ensuite, on peut noter les lignes relativement droites des troncs d'arbres ainsi que de la pente. Le rocher a une forme entre le rond et le rectangle. S'agissant d'une photo prise en nature, il est difficile, contrairement à un paysage urbain par exemple, de trouver beaucoup de formes géométriques.
Pour ce qui est des couleurs présentes dans la photographie, on a plutôt des couleurs avec une teinte sombre : des troncs d'arbres noirs, des feuilles d'un vert plutôt foncé, le sol brun, le gris du mur, le brun du bois du cadre. Cependant, il n'y a pas une dominance sombre pour autant : les couleurs qui apparaissent dans la photo peuvent avoir un équivalent plus clair : c'est le cas du brun, mais aussi du vert et du orange des feuilles. Ainsi, malgré le fait que dans cette image, elle soit sombre, elles laissent toutefois un aspect de couleur vive dans l'ensemble. On peut également noter quelques couleurs claires, comme le vert clair de l'herbe, le gris éclairci de la pierre et de deux troncs d'arbres. Enfin, on a l'impression qu'une lumière éclaire une partie de la photo au premier et deuxième plan.
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3 - Passons maintenant à l'analyse sémantique, qui consiste à expliciter les sens, idées, représentions que l'on associe aux éléments plastiques. Commençons d'abord par analyser les significations associées aux différentes couleurs présentes dans l'image.
Le marron : le marron, rappelant la terre, évoque la nature. Ce qui évoque la nature est généralement associé à des sentiments de paix, de fiabilité, et de sain. Le brun est donc associé à quelque chose de positif, ce qui se reflète dans le fait que le brun représente également la sécurité, la maison, l'intégrité ou la chaleur.
Le vert : le vert est associé à l'idée de nature puisque le vert est présent dans la végétation. De par cette association à la nature, le vert rappelle l'écologie, ou la liberté. Il s'en dégage également une aura d'apaisement. Le vert est une couleur qui a été associé à la notion d'espoir, ou à la chance, dû au trèfle à quatre feuilles. Aussi, le vert a une connotation positive.
Le gris : le gris fait penser aux nuages gris, lors du mauvais temps ou de la pluie. Cette couleur est donc associée à ce qui est morose, aux émotions négatives comme la tristesse, l'anxiété ou le désespoir. Toutefois, associé à d'autres couleurs, notamment le blanc, ou dans un ton plus clair, le gris peut évoquer une émotion de neutralité.
L'orange : l'orange est une couleur positive : elle rappelle la joie, et l'enthousiasme, et donne une atmosphère chaleureuse. L'orange est une couleur énergique, elle rappelle le succès et la créativité.
Toutes les couleurs présentes dans cette image, à l'exception du gris, ont des connotations positives. Malgré la luminosité existante mais plutôt sombre, il se dégage ainsi de l'image une atmosphère paisible et contemplative.
D'autres éléments viennent appuyer ce sentiment de tranquillité. Les branches portant les feuilles oranges, attirant le regard par leur couleur qui se démarque des autres couleurs aux tonalités plus sombre attire le regard. Ces branches se trouvent devant un tronc d'arbre, dont, si on suit la ligne, amène l’œil vers le rocher. Recouvert de mousse, présent dans la partie plus lumineuse de l'image, invite le spectateur à s'imaginer s'asseoir dessus, afin d'admirer le paysage forestier.
En plus de cette ambiance sereine, le photographe tente de construire sa photo pour qu'elle paraisse complètement isotopique de ce qu'est un tableau. Pour ce faire, il reprend des interprétants culturels communs, à l'international, autour de ce qui compose un tableau. Toutefois, il existe plusieurs types de tableau : lorsqu'on se promène dans des galeries d'art contemporain, les tableaux sont rarement encadrés. Cependant lorsqu'on se balade dans des musées d'art plus ancien (du Moyen Age jusqu'au XIX e siècle), les tableaux sont quasiment systématiquement encadrés par un cadre de bois. Ce dernier peut varier et être modifié spécifique par les artistes eux-mêmes. Ainsi, le photographe, en voyant ce qui pourrait être un cadre de fenêtre, l'a identifié, via son encyclopédie visuelle à des cadres de tableau, dû aux similarités qu'ils possèdent : il y a une intertextualité entre eux. Tout comme le cadre des tableaux, la fenêtre est en bois, et de forme rectangulaire. On retrouve les deux parties qui composent généralement un cadre de tableau : la bordure proche de la peinture et celle extérieure et plus large. Les bordures abîmées évoquent le passage du temps, ce qui renvoie au fait que la peinture daterait de plusieurs années : cela rappelle le cadre dégradé d'anciens tableaux, qui sont ceux qui ont ce type de cadre. Enfin, ce cadre en bois est associé dans l'imaginaire collectif d'un grand nombre de personnes à une idée de sérieux. Ce côté sérieux est accentué par le fait que si la photographie était une peinture, elle serait classée comme peinture réaliste.
Pour accentuer la confusion, le texte, qui est le crédit du photographe, a été placé pour réduire la polysémie de sens et faire pencher le spectateur en faveur de l'idée de tableau plutôt que de la peinture. L'artiste l'a placé délibérément tout en bas à gauche, pour évoquer la signature qu'un peintre pourrait laisser sur son tableau. C'est en utilisant ces procédés que le photographe a construit une image trompeuse : on croit voir un tableau, mais il s'agit d'une photographie.
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4 - Concluons par l'analyse pragmatique. Cette analyse prend en compte les interprétants socio-culturels de l'image, son contexte précis de production ainsi que son dispositif d'énonciation. En cherchant sur Internet, on trouve peu d'informations sur le photographe en lui-même : il semble ne pas être connu internationalement, mais semble avoir une certaine reconnaissance locale dans son pays, c'est-à-dire la Tunisie. En effet, il travaille pour le média hashtag_media_officielle, qui semble avoir une certaine notoriété en Tunisie. Il est également republié par des comptes qui promeuvent les paysages tunisiens. Toutefois, la photo que nous avons choisi d'analyser n'a pas été utilisée ou repostée par d'autres comptes : on peut en déduire que c'est une photo qu'il a choisi de prendre à son propre crédit en tant que photographe en freelance.
Toutes ces informations nous permettent de déduire plusieurs choses. Tout d'abord, puisque celui qui a pris les photos est un professionnel et semble vouloir mettre en avant ces photos, puisqu'il les publie sur Instagram, il a les compétences, tout comme il a des intérêts à prendre de très belles photos de qualité, afin de se faire remarquer. C'est pour cette raison, par ailleurs, que l'on peut observer de nombreuses photos sur son compte, et qu'en dessous de chacune de ces photos se trouve des hashtags. Le photographe cherche ainsi à obtenir des followers fidèles à son travail et à ce que des médias, entreprises, ou associations lui proposent des partenariats. Tous ces paramètres démontrent que derrière la composition de cette photo, il y a eu une réflexion et une intentionnalité.
On peut notamment penser que le photographe apprécie sublimer et mettre en avant les paysages tunisiens, puisqu'il a énormément de photos de la Tunisie et collaborent avec des médias touristiques tunisiens. Cette supposition peut expliquer son choix de créer une photographie donnant l'illusion d'un tableau, comme s'il signifiait que les paysages tunisiens sont si beaux qu'ils pourraient être pris pour une peinture : une telle beauté serait normalement seulement de l'ordre de l'imaginaire et donc de la création.
On peut supposer une volonté plus politique du photographe de démontrer que la Tunisie ne correspond pas aux clichés racistes et orientalistes qui circulent sur les pays du Moyen-Orient en général. La photographie mettant également en avant la nature, avec une importante présence de la couleur verte peut faire penser à un message écologique et d'importance de préservation de la nature. En encadrant un paysage naturel comme une peinture, le photographe met l'emphase sur la beauté de la nature, tout en soulignant le fait que dans l'avenir, si des actions concrètes ne sont pas prises, les magnifiques paysages naturels autour de nous, ne seront plus qu'une peinture puisqu'ils auront disparu : on pourra seulement les représenter, et non plus les expérimenter.
On peut également penser que ce choix de composition peut être lié à la volonté de se démarquer en tant que photographe, en proposant une composition originale qui attire l’œil des utilisateurs de réseaux sociaux. Cette interprétation est accentuée par le fait que dans les hashtags de la description, il a écrit « follow4followback » et « followforfollowback », qui, signifient la même chose, mais qu'il a écrit plusieurs fois afin d'être présent sous plus d'hashtag. Le principe de suivre quelqu'un en retour après qu'il nous suive sur les réseaux permet de gagner plus d'abonnées et donc de paraître plus crédible avec un grand nombre d'abonnés, mais également d'être plus facilement recommandé dans l'algorithme Instagram.
C'est d'ailleurs sans doute dans la volonté de promouvoir son travail que le photographe n'a pas cherché à totalement dissimuler le fait que la photographie ne soit pas une peinture : le mur gris qui trahit le fait qu'il s'agit d'un cadre de fenêtre et non d'un cadre de peinture n'a pas été édité et retiré via des logiciels informatiques. De plus les hashtags de « photography », « photographer », « naturephotography » dans la description de l'image ainsi que le fait qu'il y ait écrit « photographe » dans sa biographie Instagram, vont influencer la perspective du spectateur : il aura conscience dès le début qu'il s'agit d'une photographie. On peut alors penser que le but du photographe est justement cela : démontrer ses talents en créant une illusion, assez réaliste, mais dont le spectateur a conscience, afin qu'il remarque l'inventivité et la composition de la photo.
Enfin, il est possible que puisque le photographe est tunisien, qu'en tant que française, il y a des interprétants sociaux-culturels que je ne comprenne pas ou ne connaisse pas dans cette photo, ce qui entraîne le fait que je ne les remarque pas. On peut toutefois souligner le fait que le choix de composition de la photographie fait référence à une référence commune internationalement, des peintures encadrées. On peut alors supposer qu'il destine ses photos à un public international.
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6 - Nous avons choisi cette image à analyser pour plusieurs raisons : j'ai choisi de regarder sur le reddit «confusing perspective » pour m'assurer que l'image que j'allais choisir corresponde bien à la consigne d'image trompeuse. En parcourant cette communauté, j'ai décidé de prendre cette image, car tout d'abord, c'était une photographie professionnelle et non une tromperie remarquée par hasard, par un internaute, qu'il aurait décidé de prendre en photo. Ainsi, le fait que cette photographie soit réalisée par un artiste assurait pour moi le fait qu'il y avait une intentionnalité derrière la composition de l'image, qu'il serait possible d'analyser, ainsi que des interprétants socio-culturels, et une volonté de transmettre certains sens aux spectateurs.
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Date Created
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18/12/2023 03:13:31
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Identifier
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1086 3730 18/12/2023 03:13:3